Le projet de ce réseau international de recherche et de formation à la recherche a pris naissance, en 1997, lors d’une Journée d’étude organisée à l’Université Charles de Gaulle-Lille 3, le samedi 25 octobre, sur le thème « Le phénomène littéraire aux premiers siècles de notre ère », avec la participation de Jacques Boulogne, professeur à Lille 3 et spécialiste de Plutarque, de Jerzy Styka, professeur à l’Université Jagellonne de Cracovie et spécialiste de Sidoine Apollinaire, de Michel Perrin, professeur à l’Université de Picardie (Amiens) et spécialiste de Lactance, et de Joël Thomas, professeur à l’Université de Perpignan et spécialiste de Virgile. Cette rencontre fondatrice a fait apparaître la nécessité de rompre avec les dichotomies traditionnelles, qui séparent la littérature grecque de la littérature latine, la littérature païenne de la littérature chrétienne, et les textes dits littéraires des textes dits scientifiques ou techniques. Ces clivages manquent en effet totalement de pertinence et même empêchent, par la vision tronquée qu’ils imposent, de comprendre correctement le phénomène de la production sociale des discours dans l’espace méditerranéen des premiers siècles de notre ère. C’est afin d’y remédier que la décision a été prise de constituer un réseau européen de compétences dans le domaine des littératures antiques, dont la vocation est d’organiser, au moins tous les deux ans, sinon chaque année, un séminaire tournant qui permette à la fois à de jeunes doctorants d’exposer leurs travaux devant la communauté scientifique internationale et aux professeurs qui les dirigent de présenter leurs recherches en cours. La première réunion de ce séminaire s’est tenue à Perpignan, les 12-13 mai 2000. L’objectif, à terme, de ces rencontres, outre le tissage de liens académiques et scientifiques entre spécialistes, est d’élaborer une conception innovante et holiste de la littérature antique débouchant sur des manuels, ou même sur des ouvrages historiographiques de référence, qui analysent, au moyens de typologies nouvelles et de périodisations différentes, le jeu complexe et bilingue des discours qui circulaient et forment la substance de ce que nous appelons habituellement « littérature », et ce aussi bien dans leur dialogisme diachronique et synchronique et les conséquences entraînées en matière de syncrétismes ou d’éclectismes que dans leur matrice épistémologico-culturelle, qu’il s’agisse des paradigmes à l’œuvre dans les systèmes de représentations ou des constellations symboliques structurant les univers de croyances et les imaginaires collectifs.
Jacques Boulogne